Par Adiano Gerbain KOAGNE
Le Cameroun est une fois de plus sous le choc. Ce matin, l’opinion publique découvre avec horreur, via les réseaux sociaux, qu’un jeune homme aurait tué sa compagne enceinte de 26 ans avant de prendre la fuite. Le drame s’ajoute à une longue liste de féminicides qui ne cessent de se multiplier. Pourquoi cette recrudescence ? Et surtout, que fait-on ?
Il devient difficile de passer une semaine sans entendre parler d’une femme battue, poignardée ou étranglée par son conjoint. Ces violences ne sont plus des exceptions : elles deviennent tristement banales. Et c’est bien cela, le plus effrayant.
L’affaire Diane YANGWO reste emblématique. Décédée en novembre 2023 après avoir été battue par son compagnon, l’espoir d’une justice exemplaire s’est effondré en avril dernier : son agresseur a été condamné avec sursis, assorti d’une amende de seulement 52 000 FCFA, pendant que, dans d’autres pays, des faits similaires valent à leurs auteurs la perpétuité. Ce verdict a provoqué une indignation nationale.
La vie humaine vaut-elle si peu ?
Le « Continent » nom auto-désigner du Cameroun serait-il devenu une curiosité planétaire ?
Avocats, journalistes, acteurs politiques, société civile : tous ont dénoncé cette sentence. Mais au-delà de l’indignation légitime, une question dérange :
S’agit-il d’un simple dysfonctionnement judiciaire ou d’un mal plus profond ?
Selon un rapport de l’UNFPA du 25 novembre 2024, 65 femmes ont été tuées au Cameroun entre janvier et novembre 2024. Ces chiffres alarmants n’ont pourtant suscité aucune réponse d’urgence. Pourquoi ce silence institutionnel ?
À qui revient la responsabilité ? À une justice qui banalise l’irréparable ? À un ministère de la Femme et de la Famille souvent invisible ? À un système éducatif incapable de transmettre les valeurs du respect et de la non-violence ? Ou à une société rongée par le patriarcat, la pauvreté, le stress et la frustration ?
Pourquoi autant de violence dans les foyers ? Pourquoi tant d’hommes pensent-ils encore avoir un droit de vie ou de mort sur leur compagne ? Inconscience ? Désespoir ? Ou volonté de domination ?
Le Cameroun protège-t-il ses femmes ? Rien n’est moins sûr.
Les féminicides ne sont pas de simples faits divers. Ils sont le symptôme d’un mal profond. Tant qu’aucune réponse ferme, cohérente et nationale ne sera apportée, les cris d’alerte continueront d’être couverts par le silence des institutions.