Une lueur d’espoir se profile pour les cacaoculteurs camerounais, alors qu’une étude cruciale sur leurs revenus entre dans sa phase finale. Menée conjointement par l’Union européenne (UE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), en collaboration étroite avec les autorités camerounaises, cette enquête vise à déterminer le « revenu décent » nécessaire aux producteurs de cacao pour mener une vie digne.
Les résultats préliminaires de cette étude, débutée en 2023, ont été présentés le 22 novembre à Yaoundé devant un panel diversifié d’acteurs du secteur cacaoyer. L’objectif principal est double : identifier le niveau de revenu permettant aux cacaoculteurs de vivre décemment et déterminer le prix du cacao nécessaire pour atteindre ce seuil.
« Définir l’écart entre le niveau de revenu décent et le niveau réel de revenu des ménages producteurs de cacao permettra aux autorités camerounaises d’élaborer des politiques publiques qui soutiennent la durabilité économique et sociale de la filière cacao, » a déclaré Athman Mravili, représentant de la FAO au Cameroun.
L’étude, menée en deux phases, a d’abord cherché à définir les dimensions d’une « vie décente » pour les producteurs de cacao camerounais, englobant l’alimentation, l’éducation, la santé et le logement. La deuxième phase, quant à elle, a consisté en une enquête approfondie auprès des ménages producteurs et des fournisseurs de services pour estimer le revenu réel des cacaoculteurs et évaluer le niveau de revenu décent de référence.
Dans un souci de transparence et de participation active, plusieurs ateliers de présentation des résultats ont été organisés, notamment à Ebolowa pour les producteurs de cacao et à Yaoundé pour la communauté scientifique et divers acteurs de la filière.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large de l’Initiative Cacao Durable, lancée par l’UE en 2020. Ce programme ambitieux vise à rendre la chaîne de valeur du cacao plus équitable et durable au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Ghana, les principaux producteurs mondiaux de cacao.
Les résultats définitifs de l’étude, attendus pour début 2025, pourraient marquer un tournant dans la filière cacao camerounaise. Ils fourniront non seulement un outil précieux pour les autorités dans l’élaboration de politiques publiques, mais aussi un levier de négociation pour les producteurs en quête d’un prix du cacao plus juste.
Alors que le Cameroun se positionne comme le cinquième producteur mondial de cacao, cette étude pourrait bien être le catalyseur d’une transformation profonde du secteur, alliant durabilité économique, sociale et environnementale.
Fabrice SIEWE