Sur la toile, la sortie fait encore des vagues. L’écharpe en bandoulière, ce 13 novembre 2024, le maire de Ngoumou s’étonne des choses qu’il a vues en venant à une remise de dons au Lycée d’Otele, une composante de sa commune, dans la Mefou et Akono, Région du Centre. En conclusion, il relève que « l’éducation secondaire se meurt ». Il ne manque pas de rappeler aux parlementaires présents – dont Laurent Nkodo le donateur – que l’action gouvernementale est invisible dans les établissements secondaires, et qu’ils devront se battre pour changer la donne.
L’enveloppe budgétaire pour le Minesec étant de 550 milliards Fcfa par an, l’édile observe que chaque région devrait disposer d’au moins 30 milliards pour ses investissements éducatifs, ce qui permettrait des travaux conséquents d’entretien ou de réhabilitation des infrastructures et améliorerait substantiellement les résultats aux examens officiels. Les élèves, leurs enseignants, les militants du Rdpc en tenue, applaudissent. «Voilà enfin quelqu’un qui parle du pays profond », résume un internaute, outré par la langue de bois des thuriféraires du régime. De quoi susciter l’ire du ministre en charge du secteur, qui lui a envoyé une réponse au vitriol. Nalova Lyonga accuse le maire d’avoir raconté des mensonges aux populations et le renseigne de ce qu’il y a « effectivité du transfert des compétences (de son ministère) aux régions ».
D’une part, explique-t-elle, le budget du Minesec est absorbé par les dépenses de personnel et de fonctionnement, jugées insuffisantes pour les 2920 établissements scolaires publics fonctionnels, l’appui aux établissements privés et les projets en cours. De l’autre, l’Etat a alloué 2,6 milliards aux compétences transférées aux Régions, en plus de délégations ponctuelles de crédits de fonctionnement d’un milliard, destinées à la réhabilitation des établissements sinistrés. Nalova Lyonga porte le coup sur le champ politique : « le Minesec compte sur votre leadership pour mener, avec les parents d’élèves et les autres forces vives, les actions nécessaires pour remonter le taux de réussite aux examens officiels, notamment la possession des manuels scolaires par les apprenants, la lutte contre la consommation de drogues, la violence, l’indiscipline et l’incivisme ».
Plus grave encore, elle lui reproche de prôner l’incivisme et l’indiscipline des jeunes. « (Vous) voulez faire croire que c’est au ministère de venir s’occuper de la propreté dans un établissement scolaire. Est-ce acceptable ? », Interroge-t-elle. Avant de tirer les conséquences : « Dans un contexte préélectoral où les propos que vous avez tenus ne peuvent avoir d’autre effet que de créer un sentiment de révolte contre le gouvernement, je vous saurais gré de bien vouloir rétablir la vérité aux populations », exige Mme le ministre. Le maire de Ngoumou, Jean Baptiste Martin Amvouna Atemengue, qui est communicant pour le comité central du Rdpc, oublie-t-il la structuration du budget de nos ministères et la place que tient le bas-peuple dans les dépenses publiques ?
- K.