Cameroun : ces projets routiers qui piétinent depuis des années

De nombreux projets lancés depuis au moins quatre ans, peinent à être livrés après une consommation totale des délais dans la plupart des cas. Chose curieuse, les raisons de ces retards sont quasiment les mêmes : manque de personnels clés, insuffisance de matériel, mauvaise organisation des entreprises, non-paiement des décomptes entre autres. De quoi s’interroger sur quelles bases sont sélectionnées les entreprises adjudicataires des travaux.

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De nombreux projets lancés depuis au moins quatre ans, peinent à être livrés après une consommation totale des délais dans la plupart des cas. Chose curieuse, les raisons de ces retards sont quasiment les mêmes : manque de personnels clés, insuffisance de matériel, mauvaise organisation des entreprises, non-paiement des décomptes entre autres. De quoi s’interroger sur quelles bases sont sélectionnées les entreprises adjudicataires des travaux.

D’après les récents chiffres rendus publics par le ministère des Travaux publics (Mintp), le Cameroun dispose d’un linéaire de routes bitumées évalué à 10 225, 58 km (8,36%) sur un linéaire total de 121 873 km. Le faible niveau des routes bitumées serait donc en partie, la conséquence du retard criard qu’accusent certains projets. C’est en tous cas, la conclusion possible à tirer de la Revue des projets routiers relevant du portefeuille du Mintp, présidée les 18 et 19 avril 2024 à Yaoundé. En effet, de nombreux projets lancés depuis 4 voire 5 ans n’ont pas été livrés à date malgré la consommation totale des délais pour la plupart des cas.

Un tour dans la région de l’Adamaoua, on constate que l’entreprise chinoise China State Construction Engineering Corporation (Cscec) patine sur la construction de la route Ngaoundéré-Paro (70 km). Le chantier démarré en septembre 2019 n’est exécuté à 28,46% 5 ans après pour un taux de consommation des délais de 95,57% à deux mois de l’échéance. Et, malgré la mise en demeure servie à Cscec qui selon l’architecte de l’Etat a déjà perçu 50% du coût des travaux élevés à 31, 8 milliards de Fcfa. A l’Extrême-Nord, la construction du Pont Palar sur le Mayo Kalliao ne se porte pas mieux. Financés par le BIP 2021 du Mintp à hauteur de 4,5 milliards de Fcfa, les travaux  réalisés par Groupement Armada-CAM Sarl & Armada SA/AG affiche un taux d’avancement de 07,08% pour une consommation des délais de 204,66% au 15 avril 2024.

Dans le Littoral,  la réhabilitation de l’ancien pont sur le fleuve Wouri lancés en août 2020, n’est pas achevée. Pour un budget de 3,3 milliards de Fcfa, le chantier se situe à 38,77% après 101,46% de consommation des délais par le Groupement Guina-CAM/Guina-Tchad, lequel a reçu 46,59% du financement selon le Mintp. La route Bonepoupa-Yabassi (51,3 km) tenue par le camerounais Buns, est certes exécutée à 95%, mais le projet est déjà hors délais (100,86%). Pourtant, les travaux sont en cours depuis 2017 pour une durée de 24 mois d’après le maître d’ouvrage, pour 36,7 milliards de Fcfa.

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A l’Ouest, la construction de la route Foumban-Koupamatapit (54 km) n’est pas livrée 5 ans après le début du projet. Avec un taux d’avancement de  32,09% en janvier dernier, l’entreprise tunisienne Soroubat n’a pas effleuré 50% à date. Pour preuve, l’on déplore une « faible cadence ».  Pourtant, le Mintp a servi à l’entreprise adjudicataire, la notification du constat de défaillance qui présageait le déclenchement de la résiliation  du contrat sur ce projet de 43,7 km. Dans la région du Centre, la construction de la route Aweae-Esse-Soa, bien que reprise aux entreprises camerounaises Super Confort et Bofas en novembre 2023 et confiée au chinois Cfehc est toujours en cours depuis 2017 pour à peine 60% sur les deux lots Awae-Esse (33 km) et Esse-Soa (49 km).

Responsabilités partagées

Aux origines de ces lenteurs prononcées, le ministère des Travaux publics évoque une multitude de raisons qui sont quasiment les mêmes pour chaque cas : faible mobilisation en matériel, absence de certains personnels d’encadrement (conducteur des travaux, ingénieur routier) induisant une insuffisance sur le plan organisationnel, absence du chronogramme d’achèvement des travaux  validé, l’abandon du chantier, etc. De quoi s’interroger sur quelles bases, sont concrètement sélectionnées les entreprises adjudicataires des travaux en question.

A contrario, le maître d’ouvrage n’est pas sans reproches. Le non-paiement des décomptes constitue l’un des freins aux travaux sur le terrain. A titre d’illustration, sur la route Ngaoundéré-Paro, l’entreprise Cscec réclame des décomptes de 2,4 milliards de Fcfa. Sur le pont Palar, les impayés des décomptes s’élèvent à 226,2 millions de Fcfa. Sur le chantier Bonépoupa-Yabassi, Bun’s revendique 3,4 milliards de Fcfa pour ne citer que ce cas.

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