Par Adiano Gerbain KOAGNE
Réseau téléphonique instable, Internet lent voire inexistant, applications inaccessibles, appels qui échouent… Le quotidien numérique des Camerounais frôle l’absurde. Et pourtant, les factures, elles, ne ratent jamais leur rendez-vous. Chaque jour, des millions de citoyens se font saigner à blanc pour un service qu’ils ne reçoivent pas réellement. Jusqu’à quand allons-nous accepter de payer pour du vent ?
Orange, MTN… même combat, même mépris ?
Quel que soit l’opérateur, le verdict est sans appel : service médiocre, clients frustrés, zéro transparence. Les plaintes inondent les réseaux sociaux et les guichets d’accueil, mais les opérateurs gardent un silence glacial. Où va tout cet argent prélevé ? À quoi sert-il, si ce n’est à entretenir un système déficient et méprisant ?
Le cas Camtel : une faillite stratégique ?
Camtel, bras armé de l’État dans le secteur, détient les clés de l’infrastructure numérique nationale, notamment la fibre optique. Pourtant, les performances sont loin d’être à la hauteur. Comment une entreprise bénéficiant du soutien public peut-elle être aussi inefficace ? Est-ce une question de gestion défaillante, de sabotage interne, ou d’un modèle économique dépassé ?
Et comment comprendre que malgré ses cinq câbles sous-marins, le Cameroun n’occupe que le 36ᵉ rang africain en matière de coût du gigaoctet Internet, bien derrière le Ghana ou le Rwanda ? Que faisons-nous de cette capacité sous-utilisée, parfois exploitée à peine à 15 % ?
L’ART : chien de garde ou chien de salon ?
L’Agence de Régulation des Télécommunications, censée protéger les consommateurs et garantir la qualité des services, semble elle aussi débranchée. Aucune sanction notable, aucun rapport public accessible, aucune pression visible sur les opérateurs. Est-elle simplement dépassée, ou volontairement complice par son inaction ?
Le ministère des Postes et Télécommunications : une absence assourdissante
Où est passé le leadership ministériel ? Pas de plan d’action, pas de réaction, pas de vision. La ministre reste muette tandis que le pays s’enfonce dans une panne numérique chronique. Sommes-nous face à une négligence grave, ou à une incompétence institutionnalisée ?
Des poissons, sérieusement ?
On se souvient de cette explication surréaliste : des poissons auraient sectionné les câbles sous-marins. Était-ce un aveu d’impuissance ou une tentative maladroite de détourner l’attention ? Peut-on diriger un pays à l’ère numérique avec autant de vulnérabilités et si peu de solutions de secours ?
Et maintenant, que faisons-nous ?
Camerounais, devons-nous continuer à subir ? À payer pour du néant, à endurer le mépris, à supporter une incompétence devenue système ? Les télécommunications ne sont pas un luxe : elles sont un droit. Et ce droit, il est temps de le revendiquer, haut et fort.