Ces entreprises s’engagent dans une démarche novatrice visant à transformer la chaîne d’approvisionnement du cacao, en privilégiant un contact direct avec les petits producteurs et en proposant des prix plus avantageux.
Puratos, géant belge spécialisé dans les ingrédients pour la boulangerie, la pâtisserie et le chocolat, a récemment lancé sa filiale Cacao-Trace au Cameroun. Ce programme ambitieux vise à établir des relations directes avec les cacaoculteurs, éliminant ainsi les intermédiaires traditionnels.
« Notre objectif est double : garantir une qualité supérieure de cacao et assurer une rémunération équitable aux producteurs, » explique Jean-Philippe Michaux, directeur de Cacao-Trace Cameroun.
La stratégie de Puratos repose sur l’installation de centres de fermentation dans les zones de production. Ces centres, gérés par des experts, assurent un traitement optimal des fèves de cacao, garantissant ainsi une qualité constante. « Nous payons un prix supérieur au marché pour le cacao frais, et nous ajoutons une prime de qualité après fermentation, » précise Michaux. Cette approche permet aux producteurs de bénéficier d’une augmentation significative de leurs revenus, pouvant atteindre jusqu’à 30% par rapport aux prix du marché conventionnel.
De son côté, la chaîne française Boulangerie Feuillette, forte de ses 60 points de vente en France, s’engage également dans cette voie éthique. L’entreprise a récemment signé un partenariat avec la coopérative Socoopmatacam dans la région du Centre au Cameroun. « Nous voulons créer une filière de cacao durable et équitable, » affirme Étienne Feuillette, fondateur de l’enseigne. Le groupe français s’engage à acheter le cacao à un prix fixe de 1 500 FCFA par kilogramme, soit près du double du prix moyen du marché.
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte de transformation profonde du secteur cacaoyer camerounais. Avec une production annuelle d’environ 290 000 tonnes, le Cameroun est le cinquième producteur mondial de cacao. Cependant, le secteur fait face à de nombreux défis, notamment le vieillissement des plantations et la volatilité des prix sur le marché international.
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L’approche de Puratos et de Boulangerie Feuillette pourrait bien représenter un tournant pour les quelque 600 000 petits producteurs de cacao du pays. « Ces initiatives offrent une alternative au système traditionnel qui laisse souvent les agriculteurs à la merci des fluctuations du marché, » observe Dr. Ngoula Essomba, économiste agricole à l’Université de Yaoundé II.
Le gouvernement camerounais suit de près ces développements. « Nous encourageons les investissements qui valorisent notre cacao et améliorent les conditions de vie de nos agriculteurs, » déclare un porte-parole du Ministère du Commerce.
Si ces modèles s’avèrent durables, ils pourraient inspirer d’autres acteurs du secteur et potentiellement transformer l’ensemble de la filière cacao au Cameroun. Pour l’heure, les yeux sont rivés sur ces expériences qui promettent de redéfinir les standards de l’industrie cacaoyère dans le pays.
Fabrice SIEWE