Porté par la Cameroon mining company (Cmc) le projet Mbalam, malgré quelques critiques sur son avancement, s’affirme comme l’un des leviers majeurs de transformation économique et sociale au Cameroun.
À près de 600 kilomètres de Yaoundé, dans l’arrondissement de Ngoyla, le site de Mbalam retrouve une dynamique que certains observateurs jugeaient improbable. Critiqué sur les réseaux et dans quelques médias pour un prétendu immobilisme, le projet démontre pourtant, preuves à l’appui, que la machine a repris de la vitesse. Sur le terrain, hier, jeudi 4 décembre 2025, 140 employés s’activent déjà, tissant des armatures, érigeant un important mur de soutènement et aménageant les abords du futur complexe minier.« Dès que les pluies se sont arrêtées, on a continué à faire ce job qui nous permet aujourd’hui de vous certifier que d’ici mars, les premiers minéraux quitteront d’ici pour le port de Kribi », rassure Patrick Tchouwa, responsable de l’administration et des relations publiques de la Cameroon mining company.Le site, logé dans l’arrondissement de Ngoyla, département du Haut-Nyong, région de l’Est, s’affirme créateur d’opportunités. « Vous avez 140 personnes qui travaillent sur ce site, dont 70 que nous avons recrutées sur place. Et vers le 5 janvier, nous allons commencer à recruter les natifs de Mbalam, de Ngoyla et du Haut-Nyong », ajoute-t-il.Mbalam n’est pas un projet isolé. Il s’inscrit dans un ensemble de méga-développements miniers menés par un consortium d’entreprises d’État chinoises, sous la coordination de Bestway Finance Ltd, incluant également les gisements d’Avima, Badondo et Nabeba (Congo). Cmc, dirigée par Hong Wenqiang, apparaît ainsi comme la pierre angulaire camerounaise de cette chaîne régionale de valorisation du fer.Le gisement de Mbalam est considéré comme l’un des plus prometteurs d’Afrique centrale : plus de deux milliards de tonnes de réserves identifiées, dont environ 200 millions de tonnes de minerai super-gène titrant 65% de fer, parmi les plus recherchés au monde pour l’industrie verte de réduction directe (Dri).Le permis octroyé en 2022 couvre 768 km², avec un potentiel économique colossal. Cmc prévoit un démarrage des exportations au premier trimestre 2026, avec une montée progressive de 100 000 tonnes par mois en 2026 à plus de 800 000 tonnes par mois dès 2029, jusqu’à atteindre 25 millions de tonnes par an après 2030 grâce au futur corridor ferroviaire Mbalam-Kribi.L’ambition est assumée. « Les premiers minéraux qui partiront d’ici seront entre 8 500 et 10 000 tonnes, afin d’atteindre 100 000 tonnes puis 10 millions avant la fin de l’année », affirme Patrick Tchouwa. Les retombées financières, elles, se chiffrent sur plusieurs décennies : plus de 3 milliards de dollars de recettes fiscales et parafiscales pour l’État camerounais d’ici 2050, selon les estimations consolidées du projet.
Les premières tonnes de fer se préparent à prendre la route de Kribi
Sur le terrain, l’usine avance. « Ici nous nous trouvons sur le site de l’usine… elle sera construite sur environ 5 hectares. Derrière nous, le mur de soutènement va servir de point de chute à tout le minéral qui sera acheminé », explique Jeff Fouda, responsable de l’engagement communautaire. L’aire industrielle comprendra une zone de stockage et une unité de traitement, même si le minerai Dso de Mbalam pourra pour partie être expédié sans transformation préalable.Cmc annonce également un vaste programme de développement local : construction d’écoles, centres de formation professionnelle pour les métiers miniers, hôpitaux, réhabilitation des routes, électrification progressive à partir des excédents d’énergie du site. « On va construire des hôpitaux, des écoles, des centres de formation… ainsi que beaucoup d’améliorations des routes », affirme Patrick Tchouwa.La compagnie entend aller plus loin en transformant localement 15% de sa production ,environ 2,25 millions de tonnes par an, afin d’alimenter l’industrie nationale, réduire les coûts des matériaux et soutenir la politique de logements à prix accessibles inscrite dans la Snd-30.Sur le plan environnemental, le projet s’est doté d’études d’impact complètes, incluant un plan de gestion des déchets basé sur la biomasse, une stratégie de réduction des gaz à effet de serre, la limitation de la déforestation et la planification d’une fermeture de mine conforme aux standards internationaux.Malgré les critiques, parfois virales, Mbalam avance. Les travaux civils sont visibles, les recrutements s’intensifient, les partenaires internationaux , Cmec,, China Railway Engineering Corporation, Mota-Engil, Shenzhen Yantian Port, Xcmg, sont officiellement engagés, et les négociations commerciales avec les acheteurs de minerai sont en phase active.Au-delà des machines, ce sont les promesses sociales et économiques qui galvanisent les attentes autour de ce chantier présenté comme l’un des leviers stratégiques du Cameroun pour la prochaine décennie. Avec plus de 1 000 emplois prévus en phase de construction et plus de 5 000 en phase d’exploitation, sans compter les milliers d’emplois induits, Mbalam pourrait remodeler l’économie du Sud-Est camerounais.À l’heure où les premières tonnes de fer se préparent à prendre la route de Kribi, le projet montre qu’il veut tenir sa promesse : faire de Mbalam une vitrine minière moderne, durable et économiquement décisive.Rendez-vous en mars !
Michel NONGA de retour de Mbalam
