2024 est une année qui s’annonce difficile au Cameroun. Et, la 58ème édition de la fête de la jeunesse qui connaîtra son apothéose le 11 février de ladite année est une aubaine pour les dirigeants d’expliquer aux jeunes la voie à suivre.
Le thème retenu par les autorités est le suivant: ” jeunesse, import substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun”. Et, comme l’a précisé le Ministre de la Jeunesse, MOUNOUNA FOUTSOU, cette thématique est une orientation politique qui
« encourage la participation active des jeunes à l’accélération de la croissance de notre économie, notamment à travers l’entrepreneuriat et l’innovation, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations en développant sa propre capacité de production ». À partir de ces propos, nous comprenons que les autorités placent l’entrepreneuriat, l’innovation et le nécessité de « consommer local »
au cœur des priorités. Ils proposent donc à la jeunesse, fer de lance de nation, « l’import substitution » et le « patriotisme économique ».
L’import substitution et le patriotisme économique sont deux voies stratégiques qui s’imposent dans les pays où l’économie est malade et qui cherchent à se relancer. Il est clair que la santé économique du Cameroun est actuellement très faible. Point n’est besoin ici de revenir sur l’ensemble des pesanteurs, connus de tous, qui fragilisent notre tissu économique et qui suscitent d’énormes réflexions à tous les niveaux.
Il suffit d’ouvrir quelques travaux de référence pour comprendre que, non seulement le Cameroun connaît une forte inflation qui s’explique par des perturbations dans la chaîne de valeur mondiale, mais aussi c’est un pays qui importe d’importantes quantités de denrées dont les substituts peuvent être produits localement. Les pouvoirs publics sont d’ailleurs conscients, c’est certainement la raison pour laquelle ils proposent depuis quelques temps le patriotisme économique. Voilà ce qui aurait motivé le choix de ce thème de la jeunesse en 2024.
Définition du thème
Dans le thème de la fête de jeunesse de cette année, trois concepts sont évocateurs : “jeunesse”, “import substitution” et “patriotisme économique”.
En combinant ces trois éléments, le Cameroun peut créer un élan économique durable. La jeunesse peut être mobilisée pour participer activement au développement économique, l’import substitution peut réduire la dépendance aux importations et renforcer la production nationale, tandis que le patriotisme économique peut soutenir les entreprises locales et le marché intérieur. La mise en œuvre de telles politiques nécessite une planification stratégique, des investissements dans les infrastructures, l’éducation et la formation, ainsi qu’une collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile.
Ce qui est demandé aux jeunes
Concrètement, les jeunes Camerounais, dans leurs activités, sont encouragés à privilégier les produits « made in Cameroon », ou encore promouvoir la consommation des produits locaux. Ce qui permettra de soutenir « les entreprises nationales et le développement durable dans un esprit de fierté nationale ». La jeunesse, moteur de l’innovation, a un rôle crucial à jouer pour développer de nouvelles filières industrielles et amorcer le virage tant attendu de l’économie de rente vers le secteur secondaire productif.
Pour finir, retenons que
chaque Camerounais doit se rendre compte que chaque fois qu’il achète un produit importé, non seulement, il est entrain de financer le travail d’ailleurs, mais il affirme aussi un patriotisme-diminu. Chaque fois que vous choisissez un produit local par rapport à un produit importé, vous favorisez l’emploi d’un jeune Camerounais et affirmez votre patriotisme-augmenté.
Par Bertrand Nzogang,
chercheur en Philosophie et communication
