Une situation foncière complexe et controversée secoue actuellement le quartier Ngoma dans le 5e arrondissement de Douala, mettant en lumière des pratiques douteuses au sein du Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF).
Au cœur de cette affaire, un terrain de 91 hectares, objet d’un titre foncier (N°16274) délivré en 2004 à la collectivité de Ngoma, fait l’objet de multiples rebondissements administratifs et judiciaires. Ce titre initial, morcelé en plus de 500 parcelles occupées depuis une vingtaine d’années, se trouve aujourd’hui menacé par une série de décisions contradictoires émanant du MINDCAF.
L’année 2023 a vu l’émergence de nouveaux titres fonciers superposés à celui de Ngoma, attribués à la famille Enangue (61 ha) et à la famille Ngando (9 ha), tous deux localisés initialement à Lendi, un village voisin. Ces attributions ont conduit à des destructions de propriétés et à des conflits sur le terrain, poussant l’affaire devant les tribunaux.
Bien que la justice ait annulé ces nouveaux titres, et que le ministre Henri Eyébé Ayissi ait confirmé cette annulation par arrêté le 3 juillet 2024, la situation reste tendue. Un nouveau rebondissement survient le 15 novembre 2024 avec l’attribution d’un nouveau titre foncier de 61 ha à la famille LogBikemb, représentée par le nouveau chef de Ngoma, Sa Majesté Bakala Christian, intronisé la même année.
Cette dernière décision a ravivé les tensions, opposant non seulement les familles autochtones entre elles, mais aussi les habitants de longue date aux nouvelles autorités traditionnelles. Des marches de protestation ont été organisées, accusant le nouveau chef de spoliation des terres avec la complicité de l’administration.
Bertine Ndongock, une des victimes, exprime sa colère : « Nous sommes fâchés. Nous avons acheté un terrain, titré il y a peut-être vingt ans. […] Un matin, on nous appelle que ce monsieur est venu avec des engins en train de détruire, de casser. »
Cette situation met en lumière les défaillances du système foncier camerounais et soulève des questions sur l’intégrité des processus d’attribution des titres au sein du MINDCAF. Les habitants de Ngoma, pris dans ce tourbillon administratif, appellent à une clarification urgente et à une résolution équitable de ce conflit qui menace leur sécurité foncière.
Alors que le MINDCAF reste silencieux face à ces accusations, l’affaire de Ngoma pourrait bien devenir un cas d’école dans la gestion des conflits fonciers au Cameroun, appelant à une réforme en profondeur du système d’attribution des titres fonciers.