Violences faites aux femmes : le Cameroun s’attaque aux tabous et aux injures quotidiennes

En prélude aux journées de lutte contre les violences faites aux femmes ; qui débuteront ce 25 novembre pour s’achever le 10 décembre prochain, L’honorable Nourane Fotsing a réuni près de 200 femmes et une quinzaine d’hommes dans la ville de Douala pour une conférence nationale contre les violences passives que subissent les femmes au quotidien.
Il existe plusieurs types de violences certes, néanmoins, les différents panels de ce jour, ont poser le doigt sur les violences verbales, le mutisme punitif, les conséquences physiologiques psychologiques. Mais surtout, les voies de sorties pour s’en sortir.

Le Cameroun a été le théâtre, dimanche à Douala, d’une conférence nationale décisive visant à lever le voile sur les multiples formes de violence subies par les femmes. Menée par l’ honorable Nourane Fotsing , cette initiative a rassemblé plus de 120 participantes issues de divers horizons, de toutes les couches de la société, mais surtout des quatre coins du pays.
Parmis elles : –des cheffes d’entreprise, administratrices, des anciennes diplomates, des médecins, professeurs d’université et aussi d’anciennes miss. Des femmes à mobilité réduite qui leaders d’association ;– toutes réunies autour du leitmotiv : « Mettre des mots sur ces blessures invisibles » .
Cette rencontre s’est voulue inclusive, marquée par la présence du représentant du gouverneur et de la déléguée de la Promotion de la Femme et de la Famille du Littoral (Minproff ainsi que le représentant de l’ambassadeur de France au Cameroun), soulignant l’engagement des autorités. La journée, orchestrée avec rigueur par Mme Clarence Yongo de Griote, a permis d’analyser des violences souvent banalisées mais profondément destructrices.
De la violence passive au prix du leadership

La conférence a articulé ses débats autour de cinq panels thématiques visant à déconstruire les mécanismes des agressions subies au quotidien. Les discussions ont mis en lumière la violence passive , les violences verbales amplifiées par les réseaux sociaux , et l’impact des inégalités sur l’autonomisation.
Le tout 1er panel de la journée etait concentré notamment sur le prix du leadership féminin , révélant les doutes, les humiliations subtiles et les propos sexistes qui accompagnent le succès. Les échanges ont insisté sur la puissance destructrice de phrases toutes faites, prononcées dans l’espace public ou privé :
« Les femmes ne servent qu’à la cuisine », « Tu es bête, tu ne seras jamais capable », ou encore « Une femme ne dit jamais non à un homme » sont des injures qui blessent, enferment et fragilisent.
L’ancrage des violences dans les traditions régionales

Un éclairage puissant a été apporté par trois figures féminines renommées, qui ont exposé les réalités de la violence ancrées dans les traditions Sawa, Bamoun et Sahéliennes.
Honorable Marlyse Rose Tongo Douala-Bell (Sawa) : Elle a évoqué la distinction humiliante entre la « première femme » choisie par la famille et la « seconde » choisie par le jeune homme lui-même.
Mme Nfounjou Aïcha (Femmes Sélectionnées du Noun) : Elle a dénoncé les mariages précoces ou forcés , ainsi que les violences verbales courantes envers les enfants. Surtout la stigmatisation des femmes noires pour les inciter à se décaper la peau. Son association œuvre pour soutenir les enfants et les jeunes filles abandonnées en assurant leur scolarité.
Djaïli Amadou Amal (Écrivaine) : L’autrice de romans à succès a rappelé que la femme est « un pilier » et a souligné la persistance des violences psychologiques et symboliques.
« À la première violence, je pars »
Malgré des décennies de sensibilisation, il a souligné lors de la conférence une augmentation inquiétante des féminicides . Face à cette urgence, Djaïli Amadou Amal a lancé un appel vibrant :« Mon message aux femmes est clair : il est temps d’élever la voix et de dire stop. » Une insulte est déjà une violence, et une gifle est une gifle. À la première violence, je pars , car rester dans l’espoir que « ça ira mieux » peut conduire à devenir un simple numéro de plus dans les statistiques des féminicides. »
Ces constats ont été étayés par l’expertise du psychologue clinicien Didier Demassoso et du Pr Njiengwe Erero . Ils ont mis en évidence les conséquences profondes des violences verbales et psychologiques sur l’estime de soi, ainsi que l’importance de comprendre le lien entre normes sociales et violences structurelles pour concevoir des politiques publiques efficaces.
La violence numérique au cœur des « 16 jours d’activisme »

Alors que la conférence coïncide avec le lancement des 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes (du 25 novembre au 10 décembre), la déléguée régionale du ministère du Patrimoine pour le Littoral, Mme Gisèle Caroline Ekoh , a rappelé que la campagne était axée cette année sur la violence numérique , un phénomène en pleine expansion.
L’honorable Nourane Fotsing, elle même victime de cette agressivité en ligne, a conclu l’événement en réaffirmant sa détermination à faire de la lutte contre les violences un enjeu politique et humain. Cette conférence nationale a ainsi offert un espace de ressourcement, brisant le silence et posant les bases d’une mobilisation durable pour transformer les mentalités au Cameroun.





