Prospective: La New Nature Economy du port de Douala peut-elle s’inspirer de Dunkerque dans les Hauts-de-France ?

Drêche de la bière, compléments alimentaires naturels, aquaculture, corsaires du plastique, manioc et ses dérivés, transformation de farines et de fibres … Douala n’est seulement un port d’exportation pour le bois, cacao, café, bananes, coton et aluminium. Avec son emplacement stratégique dans le Golfe de Guinée, ce port en eau profonde historique accueille la plupart des échanges commerciaux extérieurs, depuis les débuts de la présence allemande au Cameroun.
À l’horizon de la prochaine exposition universelle d’Osaka consacrée aux Objectifs du Développement Durable (ODD), la ville-port peut très largement démultiplier les possibles. Et si la capitale économique du Cameroun construisait sa Toile de la transition agricole et agroalimentaire ?
Aux portes de la Belgique, la Toile de la transition agricole et agroalimentaire est née dans les Flandres à Dunkerque, voulant représenter un écosystème littoral et portuaire relié à un arrière-pays agricole et agroalimentaire extrêmement diversifié du sucre de betterave à la filière du lin. Sa finalité planificatrice visait à offrir un outil de prospective et d’aide à la décision en matière de stratégie alimentaire.
Véritable outil révélateur d’opportunités, la toile s’inspire de la Toile industrielle et de la Toile énergétique nées également à Dunkerque, laboratoire de prospective en Europe du nord avec ses quais du futur.
En outre, grâce à une connaissance fine des relations entre les agriculteurs, les filières et agro-industries, la toile permet de mettre en avant des opportunités comme la valorisation des déchets agricoles en biométhane et d’identifier des points de fragilité sur les territoires en lien avec les enjeux agricoles tel que le développement des circuits courts.
Douala peut certainement construire de nouvelles coalitions créatives qui réinventent les échanges. La valorisation des déchets de la drêche paraît une suite logique avec la présence historique des industries brassicoles au Cameroun. Il faut aussi penser à d’autres industries à fort potentiel d’innovation et de diversification comme l’hévéaculture. Mais aussi des industries disparues qui gagneraient à renaître comme la perliculture. Le premier japonais à avoir séjourné au Cameroun en 1905 avait étudié avec minutie les poissons mais aussi les perles des rivières d’eau douce reliées à l’océan et aux estuaires.
Les perles et coquillages ont pendant longtemps constitué une plateforme d’échange y compris au niveau maritime et portuaire. Les cauris ont circulé comme monnaie dans toute l’Afrique et l’océan indien jusqu’aux Maldives.
Kevin Lognoné