[Note d’Écoute] « Bolingo »: Entre cross over & nostalgie!

« Bolingo », sorti il y’a 10 ans, en plus d’années plurielles de carrière, est désormais hors de sa valise en autoproduction. Manuel Wambo Wandji a reconnecté le public via le clip officiel dévoilé le 15 Août 2021. Les guitares électriques, les basses distortionnées, le rythme resserré avec percussions, cette chanson se lève comme le vent d’hiver, contrastant avec les ambiances folk et traditionnel. Des acoustiques, du tendre qui surfe entre conte, poésie et rythmiques africaines.
Ainsi, ce splendide « Bolingo » colligeant des chansons indie rock mélodieuses et entraînantes interprétées en français et lingala, regarde à la fois vers le présent et l’avenir. Wambo Wandji chante à propos de la voie que le destin t’invite à prendre en toute fraternité, mais surtout, des valeurs intreseques de l’amour, frappées parfois par les vagues de la solitude. L’artiste est aux percussions, au chant et au vocoder.
Récital ordinaire?
Si je pleure intérieurement pendant le 3e mouvement de ce titre, ce n’est pas parce que la moindre émotion filtrait du jeu de l’artiste, mais parce que pour la première fois depuis son dernier concert à l’IFC Yaoundé, je réalise et ressent dans ma chair une sorte de nostalgie. Qui me rappelle d’ailleurs un chanteur à texte camerounais installé en France Georges Minyem. Entendre l’un des meilleurs instrumentistes de sa génération jouer en toute simplicite, cela pouvait désormais être ça ! La force d’une note.
Ce que j’ai entendu, était évidemment fort présentable, mais pas à la hauteur de la réputation de l’instrumentiste, assurément pas du niveau de ce qu’il m’a livré lors de son concert. Je peut imaginer que si Manuel Wandji a vraiment fait une pause technique ou artistique pour reconstruire son équipe, il va lui falloir plusieurs récitals pour reprendre ses marques, ses réflexes et la mesure de pleines couleurs: Ce que j’ai entendu entrain dans le sillage des signatures musicales d’il y’a 10 à 15 ans.
La force de la création
Par contre, idée formidable, Manuel casse les codes en faisant du Kareyce Fotso ou Lokua Kanza (qui me rappelle son titre « Ndolo comment ça va ») non pas une grosse basse, mais un ténor bouffe, sinon sa voix mezzo-soprano. L’artiste est exceptionnel d’impact et de truculence dans le rôle d’un moine veule affublé, sans costumes extravagants et de maquillage irrésistible: Il mise sur le naturel. Sur ce titre, qui peut être porté par un opéra ou orchestre philharmonique, avec une ferveur missionnaire, le dipôle musical principal étant celui qu’il a forgé au fil du temps: la force de l’expérience, sortir des sentiers ordinaires. Ses titres classiques « C’est pas facile » en feat avec Henri Dikonguè, « Mais tu verras », « Tu es fatigué », « La jalousie », restent des tiroirs pertinents de l’Homme-Artiste. Il navigue dans le temps et forge son identité.